Dès la sortie du Tribunal de Commerce de Versailles, Alain Prost
répond aux premières questions des journalistes. Peu de temps après
il commence à expliquer sur les raisons de la débâcle financière
de son écurie. On peut lire des interviews du "Professeur"
dans la presse écrite, à la radio, il fera même une apparition dans
l'émission "Tout le Monde en Parle" de Thierry Ardisson...
• Premiers commentaires à la sortie du
tribunal
« Ce n'est pas une vraie
surprise (...) au moment où les conditions ne sont pas requises pour continuer dans de bonnes conditions financières, de moralité, de continuité
normale. (...) C'est malheureusement un constat d'échec. Maintenant il faut assumer et ma première pensée va à toute mon équipe. C'est très regrettable pour
eux ».
« J'en ai tellement pris dans la tête depuis des mois, pour pas dire des années (...) sans parler des dernières semaines où il y a eu un lynchage total. De toute façon pour moi c'est presque un
soulagement ».
• Les investisseurs français
« C'est un échec total de la
France. (...) il n'y a « jamais eu le moindre contact, ni avec un sponsor, ni avec un investisseur ou un repreneur français
».
• Les médias
« Ce métier (patron d'écurie) consiste avant tout à ne pas commettre d'erreurs. Et l'on ne m'aura rien pardonné. Le grand public l'a compris. Il est peut-être moins stupide que vous ne le pensez,
vous les médias. Justement, je n'avais pas 100 millions de francs de budget publicitaire à donner aux médias, dès lors je n'y avais aucun pouvoir. Et dans ces cas-là, Ferrari l'a vécu pendant plusieurs années, il est extrêmement difficile de résister à la pression médiatique
».
• Les déclarations d'anciens
pilotes
« Est-ce que ces personnes
(Alesi, Alliot, Pescarolo) sont chefs d’entreprise pour tenir de
tels propos ? Prenons Pescarolo. Il a dirigé au Mans une filière
destinée à former des jeunes pilotes français, financée par une
grande multinationale (Elf).
On voit où en sont les pilotes français. Certains feraient mieux de
se taire ! Pendant cinq ans, j’ai œuvré dans l’intérêt du
sport automobile français. Ce lynchage médiatique n’est pas étonnant…Je
suis peut-être la première équipe à être en difficulté, mais je
ne serai pas la dernière »
« Quant
à Alliot, qu'a-t-il fait dans sa vie pour donner aujourd'hui des leçons
? »
• Les raisons de son engagement dans cette aventure
« Ce défi m'a été proposé par Guy Drut, ministre des Sports, alors qu'à l'époque je n'y pensais plus. J'étais bien chez Mercedes, avec quelques belles perspectives. Mais, vu que je n'ai jamais été insensible au sujet, j'ai accepté d'étudier la chose.
J'ai clairement dit : il faut un plan de 5 ans avec un grand motoriste et 500 millions de francs de budget minimum par saison. Peugeot, qui était sur le point de quitter la F1, s'est montré intéressé.
Mais durant nos six mois de tractations, il a toujours été question que le moteur nous soit facturé 50 millions de francs par saison. J'ai réussi, à deux jours de notre conférence de presse officielle commune, alors que rien n'était signé, à ne plus payer le V10 que 25 millions de francs, seulement l'accord fut ramené à 3 ans.
Primo, Prost Grand Prix a payé son moteur la première année avant que nous puissions trouver un autre accord. Secundo, je me suis retrouvé embarqué dans une communication d'objectif délirante, à savoir l'idée de l'écurie française et le titre mondial en 3 ans. Nous venions à peine d'annoncer au siège de Peugeot, la naissance du projet que déjà il m'apparaissait autrement plus difficile à mener que ce que j'avais prévu
».
• Ses relations avec Peugeot
« En 1999, je leur ai proposé d'arrêter avant le terme du contrat initial. Ils étaient même prêts à nous payer la fourniture du V10 client Supertec. Mais Renault a reculé. Ils savaient qu'ils allaient revenir en F1, ils ne voulaient pas se retrouver avec l'écurie Prost au moment de lancer la leur.
Par ailleurs, mes négociations avec Mercedes ont échoué car McLaren a posé son véto. Quand nous sommes repartis en 2000 avec Peugeot, je savais que nous courrions à la catastrophe. Nous avons cassé 57 moteurs dans la saison, et terminé à la dernière
place. (...)
Mes critiques à l’encontre de Peugeot étaient justifiées. Dans le
préambule de notre contrat, il y avait tout de même inscrit que
Peugeot s’engageait à nous fournir un matériel pour être champion
du monde ».
• La politique
« Dans mes démarches en tant qu'entrepreneur, j'ai senti une énorme différence lorsque la dissolution de l'assemblée nationale a provoqué un changement de gouvernement, mais au-delà de cela, et de nos débuts difficiles sur le plan sportif, je me demande si les dés n'étaient pas pipés dès le départ, si nos difficultés n'étaient pas programmées. Je me pose des questions, même sur le plan politique. Il y a des choses dont je ne peux pas parler pour l'instant. Peut-être vais-je devoir écrire un
livre ».
• Pedro Diniz
« Autre vérité bonne à dire : je l'ai contacté pour qu'il pilote avec l'apport d'un budget. Lui m'a proposé de rentrer dans le capital. Je lui ai rapidement dit qu'il pouvait racheter, que je n'y arriverais pas et que je devais songer à la sauvegarde de l'entreprise. L'écurie était à lui pour rien, si ce n'est le passif à apurer. Le point-clé était le moteur. Il n'a pas donné suite à Renault, s'est fâché ensuite avec Asiatech, puis il a
disparu... »
« Diniz
avait un comportement immature et irrespectueux. (...)
Les décisions étaient toujours prises par son père. Je ne sais pas
pourquoi il a investi dans l'écurie. (...)
Une fois, j'avais rendez-vous avec lui et ses avocats, mais il n'est
jamais venu. Il a passé la nuit sur son bateau ou dans une
discothèque de St Tropez... »
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